Pourquoi la biodiversité est indispensable à l’humanité

Jennifer Morris, Responsable en chef des opérations à Conservation International, écrit sur la valorisation de la nature. 

Jen Morris, Chief Operating Officer at Conservation International Photo: Conservation International / Jeff Gale

La nature possède une valeur extraordinaire, mais qui reste souvent invisible. Lorsqu’un citadin ouvre le robinet de sa cuisine, il ne pense pas aux forêts en amont qui permettent de garder cette eau propre, ou aux animaux qui dispersent les graines qui se transforment en arbres. La nature offre des avantages essentiels, inégalables et actuels à toute l’humanité – et à Conservation International (CI), nous reconnaissons qu’un investissement dans notre planète est un investissement dans notre avenir. Nous utilisons des connaissances scientifiques solides, des politiques efficaces et des partenariats dynamiques pour protéger la nature – notre biodiversité mondiale – et les avantages qu’elle procure à tout le monde.

Conservation International reconnaît cette valeur et finance les projets en faveur de la conservation qui protègent les services essentiels que la nature nous offre. Le Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques (FPEC) est un mécanisme que CI emploie pour faciliter et financer ce travail, qui est axé sur la protection des Points chauds de la biodiversité. CI a financé le Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques (FPEC) avec la Banque mondiale et le Fonds pour l’environnement mondial il y a 15 ans, afin d’offrir des financements aux organisations de la société civile qui oeuvrent à protéger la biodiversité dans les pays en développement et en transition où les Points chauds sont situés.

Depuis 2000, l’Agence française de développement, l’Union européenne, le gouvernement du Japon et la Fondation MacArthur ont rejoint le partenariat, et le FPEC a ainsi pu offrir 196 millions de dollars de financement à 2060 organisations non-gouvernementales dans plus de 92 pays et territoires situés dans 23 Points chauds de la biodiversité. Grâce à ces investissements, les destinataires du FPEC ont contribué à la création de plus de 130 000 kms² d’aires protégées, ont renforcé la gestion de plus de 370 000 kms² de Zones clés pour la biodiversité, ont soutenu plus de 1200 espèces répertoriées sur la Liste rouge de l’UICN et ont levé 350 millions de dollars supplémentaires en financement de la conservation, tout en offrant des avantages directs à plus de 2300 communautés.

Voici un exemple du travail réalisé par le Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques pour protéger la biodiversité, qui illustre parfaitement son importance. Ce travail a commencé en 2013 dans le centre et l’ouest de la Jamaïque. Les habitats forestiers de cette île sont menacés par l’empreinte agricole croissante du café. D’ailleurs, cette problématique ne se limite pas à la Jamaïque : l’agriculture est en effet responsable de 80% de la perte forestière chaque année. Pour lutter contre ce problème, le FPEC a financé un projet réalisé par la Fondation des programmes sponsorisés de l’Université d’Humboldt et le Conseil des industries du café jamaïcain, afin de renseigner la valeur des forêts existantes et d’identifier les pratiques de gestion qui protègeraient les forêts et sécuriseraient les moyens d'existence fournis par l’agriculture.

Les chercheurs ont découvert que les avantages procurés par la plantation d’arbres d’ombrage dépassaient les avantages du déboisement des terres pour l’agriculture de subsistance. Ces arbres, surnommés « hôtels à insectes », attirent les oiseaux mangeurs d’insectes, qui mangent les scolytes des graines de café – des coccinelles qui peuvent rapidement détruire les champs de café et les moyens d'existence des fermiers jamaïcains. En plantant ces « hôtels à insectes » près de leurs caféiers, les agriculteurs protègent leur café, augmentent leurs revenus et protègent des bassins versants précieux – tout le monde y gagne ! (à l’exception des coccinelles, tant pis pour leurs fans...)

Cela fait maintenant vingt ans que je travaille dans la conservation de la nature, pour laquelle j’éprouve un amour profond. Même si vous n’aimez pas vous promener à la campagne, nous avons tous besoin de la nature. Il est impératif de comprendre pourquoi la nature et la biodiversité sont si importants pour les êtres humains. Nous devons comprendre ce qui se joue lorsque la biodiversité décroît, et comment nous pouvons investir pour la protéger maintenant afin que les futures générations puissent continuer à jouir et à profiter de tout ce que la nature offre. 

– Jennifer Morris, Responsable en chef des opérations à Conservation International

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