Connaissances traditionnelles pour le 21e siècle

« De nombreuses communautés hawai’iennes commencent à s’appuyer sur leur patrimoine culturel pour obtenir des connaissances et une sagesse pouvant aider à restaurer les écosystèmes marins, afin que les océans puissent de nouveau alimenter ces communautés » déclarent Kevin Chang, Directeur exécutif de KUA (Kuaʻāina Ulu ʻAuamo) et Charles Young, membre de KUPA ( Kamaʻāina Unis pour protéger le ʻĀina).

 

Charlie Young with late elder Uncle Henry Chang Wo Photo: Kimberly Moa for KUA

Aia a kau ka i‘a i ka wa‘a, mana‘o ke ola, ou littéralement : On peut penser à la vie une fois que le poisson est dans le canoë.

Ce proverbe affirme très clairement qu’il ne sert à rien d’entreprendre des grands projets si les besoins immédiats ne sont pas assouvis. Il reflète également un changement progressif que l’on constate actuellement dans la façon dont les ressources naturelles d’Hawai'i sont gérées.

Avec ses grands magasins et son style de vie consumériste, on peut facilement oublier que Hawai'i est l’une des communautés les plus isolées au monde. Cependant, les Hawai’iens prennent de plus en plus conscience que leur île n’est plus aussi verte, riche et abondante qu’autrefois – nous devons aujourd’hui importer entre 85 et 90% de notre alimentation ! De nombreuses communautés affectées par cette nouvelle réalité commencent à s’appuyer sur leur patrimoine culturel pour obtenir des connaissances et une sagesse pouvant aider à restaurer les écosystèmes marins, afin que les océans puissent de nouveau les alimenter.

En hawai’ien, richesse se dit waiwai. Wai signifie eau. La prospérité était autrefois mesurée par la vitalité du milieu dans lequel les Hawai’iens natifs avaient besoin de vivre et de prospérer. Cependant, dans le contexte de notre économie capitalistique, fortement dépendante des importations, il est facile de perdre de vue l’importance d’un milieu en bonne santé et productif pour soutenir notre alimentation et nos autres besoins.

La gestion communautaire des ressources naturelles, une approche de gestion des ressources actuellement remise au goût du jour à Hawai'i et ailleurs, est ancrée dans la culture hawai’ienne native traditionnelle, qui sécurisait autrefois l’abondance des ressources naturelles des montagnes jusqu’aux côtes. S’appuyant fortement sur les connaissances et l’expérience des experts locaux, ce système connu sous le nom de konohiki est toujours possible, pertinent et important aujourd’hui.

En 2011, Hui Makaʻāinana O Makana, une organisation communautaire à but non-lucratif gérée par les familles de pêcheurs de la zone, a proposé un nouvel ensemble de réglementations de pêche basé sur les pratiques de pêche hawai’iennes natives traditionnelles. En 2015, le gouverneur d’Hawai'i, M. David Ige, a approuvé ces nouvelles réglementations pour la Ahupuaʻa (partie terrestre) de Hāʻena sur l’île de Kauaʻi. Ces nouvelles règles sont les premières de ce genre depuis la création de législation sur la Zone de pêche de subsistance communautaire en 1994, et constituent un bouleversement dans la gestion des ressources, qui appelle l’État à travailler directement avec les communautés locales.

Plus récemment, le Conseil des terres et des ressources naturelles (BLNR) a adopté de nouvelles règles pour le Ahupua’a de Kaʻūpūlehu, un site de peuplement historique sur la côte ouest de l’île d’Hawai'i. Ces règles, qui attendent la signature du gouverneur, incluent une période de repos de 10 ans pour une partie de la réserve. Là encore, cette initiative est venue des communautés locales.

La gestion communautaire offre une approche intermédiaire pour la conservation de la pêche côtière – et offre une alternative aux fermetures longues ou indéfinies – et aide à reconstituer les lieux de pêche voisins. En outre, cette renaissance des pratiques traditionnelles instille un sens de l’autonomisation parmi les communautés hawai’iennes.

Une gestion étatique et communautaire conjointe peut également aider Hawaiʻi dans sa lutte pour appliquer la législation sur les ressources dans une vaste zone terrestre et maritime, alors que les budgets diminuent et que la population est de plus en plus nombreuse et déconnectée de la nature. Cela permet de répondre aux préoccupations mutuelles et offre une alternative au « vigilantisme » (le phénomène des justiciers), qui menace certains membres des communautés de pêcheurs hawai’iens.

Le gouvernement de l’État et national ne peut gérer tout seul les ressources déclinantes d’Hawai'i et les Hawai’iens natifs ont une connexion culturelle à leur milieu qui est fortement enracinée dans le kuleana ou la responsabilité vis à vis d’un endroit. La gestion des ressources naturelles communautaire autonomise les communautés afin qu’elles s’approprient leurs ressources et leur destin, et offre une opportunité d’exploiter l’investissement du gouvernement et du secteur privé pour la conservation et la gestion des ressources.

Dans l’esprit du Lawai’a Pono, qui signifie pêcher correctement, les communautés hawai’iennes sont de mieux en mieux informées et vigilantes quant à l’utilisation et à la régénération de leurs ressources halieutiques, et jouent un rôle actif pour soutenir et cogérer les ressources marines. 

– Kevin Chang, Directeur exécutif de KUA (Kuaʻāina Ulu ʻAuamo) et Charles Young, membre de KUPA ( Kamaʻāina Unis pour protéger le ʻĀina).

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