Les avantages et les inconvénients des normes de certification volontaires pour la conservation et les moyens d'existence - nouvelle publication de l’UICN

Honolulu, Hawai’i - De nouvelles normes de certification volontaires sont adoptées dans divers secteurs comme les forêts, la pêche et l’huile de palme ; cependant, elles n’ont pas toutes d’impacts environnementaux et sociaux positifs, selon un nouveau rapport publié hier au Congrès mondial de la nature de l’UICN. 

La dernière édition de Policy Matters : Certification and biodiversity - How voluntary certification standards impact biodiversity and human livelihoods, étudie les avantages de ces schémas ainsi que les inconvénients. Publié par la Commission des politiques économiques, environnementales et sociales de l’UICN (CPEES), ce rapport inclut dix articles de contributeurs possédant une grande expérience dans le domaine de la certification et revus en comité de lecture.

 

Les normes de certification volontaires sont de plus en plus encouragées comme alternatives efficaces à la réglementation et comme outils pour encourager la responsabilité des entreprises. Cependant, selon ce rapport, des évaluations plus complètes sont nécessaires pour que les normes de certification volontaires aient un impact réel sur la conservation de la biodiversité et les moyens d'existence.

 

« Si les normes de certification volontaires doivent contribuer à garantir la responsabilité des entreprises d’un point de vue social et environnemental, nous avons besoin de plus d’informations sur les méthodes et les problématiques liées à l'évaluation de leurs impacts » affirme Aroha Te Pareake Mead, Présidente de la CPEES.

 

Les auteurs ont par exemple remarqué que certains programmes de certification contribuaient à la valorisation des produits autochtones tout en aidant à préserver le patrimoine culturel des peuples autochtones. Mais d’autres programmes échouent à prendre en compte les impacts environnementaux qui sont pourtant importants pour garantir la viabilité à long terme des communautés dépendantes de la biodiversité.

 

« Après avoir mis en place pendant des décennies des programmes de certification qui protégeaient l’environnement et garantissaient de meilleures conditions pour les producteurs, ces normes manquent encore d’un cadre global qui prenne en compte la biodiversité et la diversité culturelle des populations qui dépendent le plus de ces ressources » insiste Diana Shand, coordinatrice de l’équipe éditoriale de Policy Matters et présidente du Thème sur la responsabilité sociale et environnementale du secteur privé de la CPEES.

 

Les rédacteurs, conduits par Pavel Castka, de l’université de Canterbury en Nouvelle Zélande, et membre de la CPEES, et Danna Leaman, membre du Sous-comité pour la conservation des plantes de la Commission de la sauvegarde des espèces de l’UICN (CSE) et co-présidente de son Groupe de spécialistes sur les plantes médicinales, abordent cette question selon différentes perspectives. Ils ont par exemple demandé aux auteurs : quels sont les mécanismes efficaces pour mesurer les impacts des systèmes de certification ; comment créer des synergies plus fortes entre les normes de certification volontaires et les cadres réglementaires ; comment limiter la concurrence entre les programmes, pour éviter de baisser le niveau des performances ; et comment la bonne gouvernance influence-t-elle les résultats des programmes de certification ?

 

La publication souligne de nombreuses controverses associées aux programmes de certification volontaires actuels, comme : les effets négatifs du compromis entre la conservation et les demandes économiques de la certification ; l’opposition de certains gouvernements vis à vis de la certification volontaire, entraînant des résultats moindres ; et l’approche souvent trop restrictive des programmes de certification, qui peut améliorer certains aspects de la durabilité mais ignore la vue d’ensemble.

 

« Selon le rapport, la certification dans certains secteurs, comme le Forest Stewardship Council (FSC) ou la Table-ronde pour une huile de palme durable (RSPO) fait le travail que les gouvernements échouent à faire quant à la mise en place de normes de durabilité. Lorsque les réglementations et les aspirations des gouvernements font défaut, les certifications peuvent aider » déclare Pavel Castka. « Cependant, les normes de certification ne doivent pas être les seuls moteurs des objectifs sociétaux pour la protection de la biodiversité et les moyens d'existence humains. »

 

Une autre conclusion du rapport est que des programmes de certification bien établis, comme Fairtrade, peuvent ne pas bénéficier aux producteurs lorsqu’il y a un fort chevauchement entre diversité biologique et culturelle. La publication présente des mécanismes alternatifs, comme les marques et labels informels qui sont utilisés pour les produits bio-culturels basés sur le patrimoine.

 

Globalement, cette édition de Policy Maters souligne le besoin d’approfondir les relations entre les programmes de certification volontaire et les institutions publiques. Les décideurs politiques, les programmes de certification, les entreprises, les universités et les autres parties prenantes doivent continuer à travailler ensemble pour tirer parti au maximum de la certification » ajoute Pavel Castka.

 

L’UICN pense que la certification volontaire peut être un outil efficace pour compléter les cadres réglementaires et aider à la responsabilité des entreprises dans la réalisation de leurs normes de durabilité » déclare Gerard Bos, Directeur du Programme Entreprises et biodiversité. « Cependant, nous devons avoir une meilleure compréhension des conditions qui rendent ces systèmes volontaires efficaces. Malheureusement, notre expérience à ce jour montre que tous les programmes de certification ne sont pas conçus pour avoir un impact positif. »

 

Pour plus d’informations : 

 

Télécharger la publication Policy Matters : https://portals.iucn.org/library/node/46325

 

Venez découvrir le site Internet de la CPEES.

 


 

 

NOTES AUX JOURNALISTES

 

La CPEES a publié la dernière version de Policy Matters le 4 septembre 2016, lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN organisé du 1e au 10 septembre à Honolulu, Hawai'i. Le Congrès de l'UICN comprend plusieurs événements qui étudient les normes de certification volontaires dans le cadre de la conservation de la biodiversité, et les actions qui peuvent être faites pour renforcer l’efficacité de ces programmes. 

 

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