Le sommet mondial pour la conservation donne le ton à l’ordre du jour de la durabilité pour l’après-2015

Honolulu, Hawai'i, 10 septembre 2016 (UICN) - Le Congrès mondial de la nature de l’UICN s’est achevé aujourd’hui à Hawai'i, donnant le ton de l’ordre du jour mondial de la conservation pour les quatre prochaines années, et définissant une feuille de route pour la mise en œuvre des accords historiques adoptés en 2015.

closing Photo: Adrienne Reid (CC BY-NC-ND 2.0)

Le Congrès de l’UICN s’est achevé avec la présentation des Engagements d’Hawai'i. Ce document, intitulé « Naviguer sur l’île Terre », est le document issu des débats et délibérations qui ont eu lieu au Congrès de l'UICN, et a été ouvert aux commentaires des 10 000 participants originaires de 192 pays.

Il expose les opportunités de répondre aux principaux défis de la conservation de la nature, et appelle à s’engager pour les mettre en œuvre. Il intègre l’engagement collectif de tous les participants au Congrès, décidés à entreprendre des transformations profondes dans la façon dont les sociétés humaines vivent sur Terre, et à rendre notamment nos schémas de production et de consommation plus durables.

« Les plus grands esprits et les professionnels les plus dévoués se sont réunis ici, au Congrès de l'UICN, pour décider des mesures les plus urgentes à prendre pour garantir la survie à long terme de la vie sur Terre et la capacité de notre planète à nous soutenir » a déclaré Inger Andersen, Directrice générale de l’UICN. « Le Congrès de l’UICN a eu lieu à un moment charnière dans l’histoire de notre planète, car nous sommes à la croisée des chemins, face à des défis d’une ampleur sans précédent. »

« Aujourd’hui, nous quittons Hawai'i dotés d’une feuille de route bien plus claire pour avancer dans l’ordre du jour de l’après-2015, confiants d’avoir pris nos premières mesures sur la voie d’un futur durable, où nature et progrès humain se soutiennent. »

Avec plus de 10 000 participants inscrits, le Congrès de l'UICN a rassemblé des leaders de gouvernements, de la société civile, de communautés autochtones, religieuses et spirituelles, du secteur privé et du milieu universitaire, afin de décider collectivement des mesures pour lutter contre les problèmes de la conservation et du développement durable les plus urgents de l’heure.

Plus de 100 résolutions et recommandations ont été adoptées par les Membres de l'UICN - un parlement environnemental mondial unique de gouvernements et d’ONG - qui appellent pour la plupart les tierces parties à agir sur un vaste éventail de problèmes urgents de conservation.

Les principales décisions incluent : la fermeture des marchés intérieurs pour l’ivoire d'éléphant, l’urgence de protéger la haute mer, l’importance de protéger les forêts primaires, la création de zones d’exclusion pour les activités industrielles au sein des aires protégées et une politique de l’UICN officielle sur les compensations relatives à la biodiversité.

« Les décideurs internationaux ont trouvé un terrain d’entente sur les mesures en faveur de la conservation les plus urgentes » déclare le Président de l’UICN, Zhang Xinsheng. « Les 1300 Membres de l'UICN derrière ces décisions leur ont donné le poids pour réaliser un changement réel, nécessaire pour lutter contre les plus grands défis auxquels fait face notre planète aujourd’hui. »

Les Membres de l'UICN ont également approuvé un nouveau programme pour l’UICN pour les quatre prochaines années, et ont élu une nouvelle direction à la tête de l’UICN.

Le Congrès de l'UICN a également formulé de nouvelles questions sur l’ordre du jour mondial de la durabilité, comme : l’importance de relier la spiritualité, la religion, la culture et la conservation ; et le besoin de mettre en œuvre des solutions fondées sur la nature - des mesures qui protègent et gèrent les écosystèmes tout en apportant une solution efficace aux défis sociétaux, comme la sécurité hydrique et alimentaire, les changements climatiques, la réduction des risques de catastrophes, la santé humaine et le bien-être économique.

L’annonce du Président américain Obama d'étendre le monument national marin Papahānaumokuākea - la plus grande aire protégée de la planète - a donné le coup d’envoi du Congrès de l'UICN qui a ouvert il y a dix jours.

D’autres annonces ont suivi, notamment l’engagement du gouvernement David Ige d’Hawai'i de protéger 30% des forêts de bassins versants les plus prioritaires d’ici à 2030, de gérer efficacement 30% des eaux côtières d’Hawai'i d’ici à 2030, de doubler la production alimentaire locale et d’arriver à 100% d’énergies renouvelables dans le secteur électrique d’ici à 2045.

La Colombie a annoncé le quadruplement de la taille de son Sanctuaire de faune et de flore de Malpelo, portant sa superficie à 27000 kms².

Le Congrès de l’UICN a également été témoin de nouvelles promesses pour l’initiative du Défi de Bonn, dont l’objectif est de restaurer 150 millions d’hectares de terres dégradées d’ici à 2020. Avec les dernières promesses du Malawi et du Guatemala, le total des promesses du Défi de Bonn prises par 36 gouvernements, organisations et entreprises, excède désormais 113 millions d’hectares.

Le prochain Congrès mondial de la nature de l’UICN aura lieu en 2020.

 

Note à destination des journalistes :

  • Principales résolutions et recommandations adoptées par le Congrès de l'UICN

Commerce illégal d’espèces sauvages

Après d’intenses délibérations, les Membres de l'UICN ont pressé tous les gouvernements à fermer leurs marchés intérieurs d’ivoire d’éléphant, car ils apparaissent comme des opportunités de blanchir l’ivoire illégal. Les éléphants sont tués pour leurs défenses dans toute l’Afrique, ce qui menace la survie de la savane, des éléphants de forêts et met la vie des gardes forestiers en danger.

La lutte contre le commerce illégal d’espèces sauvages était également au cœur de la décision de l’UICN sur l’augmentation alarmante du braconnage de la vigogne pour sa laine. Les Membres de l'UICN ont appelé à la mise en place de mesures pour encourager l’utilisation durable des espèces, et éliminer le commerce illégal y compris une meilleure traçabilité de la laine de vigogne et une collaboration transfrontalière.

La chasse des lions élevés en captivité

Les Membres de l’UICN ont appelé à bannir dans les législations - d’ici à 2020 et notamment en Afrique du Sud - la reproduction des lions en captivité à des fins de « chasse en boîte », celle-ci étant considérée par les chasseurs comme « éthiquement répugnante ».

La haute mer

Les Membres ont également identifié l’importance d’une législation internationalement contraignante pour préserver la haute mer, et ont énoncé un objectif ambitieux de 30% d’aires marines protégées d’ici à 2030. Presque les deux tiers des océans du monde sont hors de toute juridiction nationale.

Peuples autochtones

Les Membres de l'UICN ont accepté de créer une nouvelle catégorie de Membres de l'UICN pour les organisations de peuples autochtones, renforçant ainsi les droits des peuples autochtones sur la scène internationale. Un grand nombre de résolutions adoptées par les Membres de l'UICN ont également contribué à renforcer les droits des peuples autochtones.

Protection des forêts primaires

Les Membres de l'UICN ont exprimé leur soutien envers la conservation des forêts primaires, y compris des paysages forestiers intacts. Celles-ci jouent un rôle crucial dans le maintien de la biodiversité, et sont essentielles pour la protection des cultures autochtones et des moyens d'existence des communautés pauvres et marginalisées.

Zones d’exclusion

Une autre décision des Membres de l'UICN qualifie de zones d’exclusion tous les paysages terrestres et marins classés dans l’une des catégories d’aires protégées de l’UICN pour les activités industrielles préjudiciables à l’environnement - comme l’exploitation minière, pétrolière et gazière et l’agriculture - et pour la construction d’infrastructures comme des barrages, routes et pipelines. À ce jour, seuls les sites du Patrimoine mondial sont officiellement reconnus comme des zones d’exclusion.

L’industrie de l’huile de palme

Dans une autre décision, les Membres de l'UICN ont souligné le besoin essentiel d’identifier les forêts intactes et les écosystèmes essentiels à préserver de l’industrie de l’huile de palme en croissance rapide. Les droits des peuples autochtones et des communautés locales doivent être respectés et pris en compte, selon cette même décision. Les activités de l’industrie de l’huile de palme peuvent avoir des impacts négatifs sur le milieu naturel, comme la disparition de l'habitat des grands singes et autres primates, ainsi que sur les moyens d'existence communautaires.

Compensations relatives à la biodiversité

Les Membres de l'UICN se sont également mis d’accord sur une politique de compensations relatives à la biodiversité, soulignant que la priorité est d'éviter l’appauvrissement de la biodiversité. Les compensations doivent être une mesure de dernier recours qui, dans certains cas, ne sont pas appropriées, selon les Membres.

Capital naturel

Les Membres de l'UICN ont accepté d’élaborer une politique définissant le capital naturel, en prenant en compte les questions d’écologie, d'éthique et de justice sociale. Les Membres ont pris note des normes émergentes qui cherchent à intégrer la valeur de la nature dans la prise de décision des entreprises et des institutions financières, et du besoin d’une meilleure compréhension du capital naturel.

Le texte de toutes les motions est accessible ici.

Les motions sont proposées par les Membres de l'UICN tous les quatre ans, et établissent les priorités de travail de l’UICN.

L'Assemblée des Membres est l’organe de décision le plus élevé de l’UICN. Elle rassemble les Membres de l’UICN pour débattre et déterminer des politiques environnementales, approuver le Programme de l’UICN et élire le Conseil et le Président de l’UICN.

Les Membres de l'UICN, originaires de plus de 160 pays, sont actuellement 1300, et incluent 217 Etats et organismes gouvernementaux, 1066 ONG et des réseaux de plus de 16000 experts dans le monde. Les résolutions et les recommandations sur les questions importantes de conservation sont adoptées par ce parlement environnemental unique au monde, composé de gouvernements et d’ONG, qui oriente la politique et le programme de travail de l’UICN et influence également de nombreuses organisations dans le monde.

  • Annonces scientifiques

Des annonces scientifiques majeures ont été faites lors du Congrès, notamment la dernière mise à jour de la Liste rouge de l’UICN des espèces menacéesTM, qui a déclaré le gorille oriental - le plus grand primate vivant - En danger critique du fait de la chasse illégale, mais a également annoncé une amélioration du statut du panda géant. L’UICN a également lancé la plus grande étude jamais réalisée sur l’ampleur et l’impact du réchauffement des océans sur la nature et les humains.

Pour une liste complète des communiqués de presse publiés au Congrès de l'UICN, voir ici.

 

  • Intervenants

Parmi les intervenants du Congrès de l'UICN citons : S.A.S. le Prince Albert II de Monaco; Tommy Remengesau Jr., Président, Republique des Palaos ; Hilda Heine, Présidente, République des îles Marshall ; Edouard Fritch, Président de la Polynésie française ; Sally Jewell, Secrétaire de l’intérieur des Etats-Unis ; Patricia Espinosa, Secrétaire exécutive de la CCNUCC ; Erik Solheim, Directeur exécutif du PNUE ; John Scanlon, Secrétaire-général de la CITES; Daniel Calleja Crespo, Directeur général de la DG Environnement, UE ; Prof. Edward O. Wilson, Fondateur de la Fondation E.O. Wilson Biodiversity ; Sylvia Earle, membre de Ocean Elder et fondatrice de Mission Blue et Jane Goodall, fondatrice de l’institut Jane Goodall.

Pour une liste complète des intervenants, cliquez ici.
À propos de l’UICN

L’UICN, Union internationale pour la conservation de la nature, aide à trouver des solutions pratiques aux problèmes de l’environnement et du développement les plus pressants de l’heure. Le travail de l’UICN est axé sur la valorisation et la conservation de la nature, la garantie d’une gouvernance efficace et équitable de son utilisation et la mise en œuvre de solutions fondées sur la nature pour faire face aux défis mondiaux dans le domaine du climat, de l’alimentation et du développement. L’UICN soutient la recherche scientifique, gère des projets de terrain dans le monde entier et réunit les gouvernements, les ONG, l’ONU et les entreprises en vue de générer des politiques, des lois et de bonnes pratiques. L’UICN est la plus ancienne et la plus grande organisation mondiale de l’environnement. Elle compte plus de 1 300 Membres, gouvernements et ONG, et près de 15 000 experts bénévoles dans quelque 185 pays. Pour mener à bien ses activités, l’UICN dispose d’un personnel composé de plus de 1 000 employés répartis dans 45 bureaux et bénéficie du soutien de centaines de partenaires dans les secteurs public, privé et ONG, dans le monde entier. www.iucn.org

 

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