Travailler avec les populations locales pour arrêter le trafic d’espèces sauvages

L’Initiative pour la conservation du pangolin (PCI) – un projet transnational financé par l’initiative Sauvons nOs espèceS (SOS) de l’UICN – travaille aux deux extrémités de la chaîne de l’offre pour protéger ces animaux En danger critique du commerce illégal international d’espèces sauvages. 

Local youth with a rescued pangolin Photo: ZSL Thailand & Thailand’s Department of National Parks

En avril 2016, Aroon Sukjitdee, Responsable du projet de sensibilisation communautaire pour la Zoological Society of London (ZSL), Membre de l’UICN et réalisateur du projet, a reçu un appel téléphonique d’un villageois de Thaïlande du Sud.

Ce villageois, apprenant que l’équipe du projet était dans sa région et travaillait à la protection des pangolins de Malaisie (Manis javanica), a appelé Aroon pour l’informer qu’un pangolin avait été trouvé sur une propriété locale. Le fils du villageois avait insisté pour appeler l’équipe du projet afin de s’assurer que le pangolin ne serait pas illégalement vendu.

Le pangolin, également appelé « fourmilier couvert d’écailles », est très recherché pour sa viande et ses écailles, et est l’un des mammifères sauvages les plus victimes du braconnage et du trafic au monde. Des milliers de pangolins quittent en contrebande la Thaïlande, où ils transitent par la Malaisie ou le Myanmar pour arriver en Chine, où leur viande est considérée comme un mets raffiné et leurs écailles sont utilisées dans la médecine traditionnelle.

La population locale vend les pangolins entre 2000 et 3000 Thai Baht par kilo (soit entre 50 et 70 €/kg) et un pangolin adulte peut peser jusqu’à 12 kg. La vente d’un pangolin est donc à peu près équivalente à une année de salaire pour les villageois locaux.

C’est pourquoi cette histoire mérite d’être signalée : le fait qu’un villageois local décide de rapporter la découverte d’un pangolin plutôt que de le vendre illégalement et d’empocher un gros profit est remarquable.

Cela est probablement dû au travail de l’Initiative pour la conservation du pangolin (PCI), qui est le plus important projet de conservation du pangolin à ce jour. Créé en 2015, avec le soutien de Sauvons nOs espèceS (SOS), une initiative gérée par l’UICN, et la Fondation Segré, un partenaire essentiel de SOS, l’Initiative PCI est un projet transnational qui cherche à réduire la demande et l’offre de pangolins et d’organes de pangolins.

L’Initiative pour la conservation du pangolin (PCI) aide à protéger quatre espèces de pangolins dans deux aires protégées : le pangolin à ventre noir (Phataginus tetradactyla), le pangolin à ventre blanc (Phataginus tricuspis) et le pangolin géant (Smutsia gigantea)  dans la réserve de biosphère Dja au Cameroun, et le pangolin de Malaisie dans les sanctuaires de faune de Khlong Nakha et Salak Phra en Thaïlande – des aires protégées situées le long de la route du commerce illégal d’espèces sauvages entre la Malaisie et la Chine.

En Chine, le travail du projet PCI se focalise sur la réduction de la demande de viande et d’écailles de pangolins, par le biais de campagnes de marketing social ciblées.

En Thaïlande, l’équipe du projet collecte des informations sur le pangolin de Malaisie, soutient les patrouilles anti-braconnage et le personnel chargé de l’application de la loi, et sensibilise les communautés locales au trafic de pangolins, en construisant des relations de confiance avec les populations.

Le cas que nous avons rapporté montre que ces actions portent leurs fruits puisqu’elles ont potentiellement permis de sauver un pangolin en bonne santé.

Après avoir reçu l’appel, l’équipe du projet s’est immédiatement rendue sur place pour évaluer l’état de santé du pangolin. Après avoir été nourri et réhydraté, le pangolin a pu être remis en liberté dans le sanctuaire de faune tout de suite après.

Il y a tout juste six mois, l’équipe du projet PCI fêtait le premier repérage d’un pangolin. Aujourd’hui, elle fête son premier sauvetage et sa première remise en liberté dans le sanctuaire. Une belle victoire, qui n’aurait pu être possible sans l’aide des communautés locales.

- Barbara Pollini, Responsable du projet pangolin à la ZSL et Anna Patel, stagiaire en charge des paysages à la ZSL

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