Comment les îles du Pacifique peuvent protéger leurs espèces?

Dans les microcosmes des défis de la conservation dans le monde entier, comment les îles adressant le trafic des espèces sauvages peuvent offrir un aperçu de la façon d'aborder la question à plus grande échelle.

Green turtle in the Pūpūkea Marine Life Conservation District, O’ahu Photo: Varis Grundmanis, Ph.D., Hawai’i Pacific University

De nombreuses îles du Pacifique, dont Hawai’i, abritent des espèces très recherchées par les trafiquants d’espèces sauvages, et sont également des portes d’entrée pour le commerce illégal de faune et de flore sauvages entre l’Asie et l’Amérique. L’étude de la façon dont ces îles, véritables microcosmes des problématiques mondiales de la conservation, protègent la biodiversité et luttent contre le trafic d’espèces sauvages peut nous donner des idées pour aborder ces questions à une plus grande échelle.

La pêche illégale, non déclarée et non réglementée coûte à l’économie mondiale 23 milliards de dollars par an, soit environ 20% des prises mondiales de produits de la mer. Un article récemment publié par le New York Times Magazine révèle comment les Palaos, un archipel isolé du Pacifique, ont répondu à la pêche illégale dans leurs eaux nationales. La motivation de ce micro-État était surtout économique : l’industrie du tourisme génère plus de la moitié de son produit intérieur brut, et la plupart des touristes se rendent aux Palaos pour découvrir la vie marine autour des récifs. Grâce aux retombées touristiques, un requin vivant vaut plus de 170.000 $ par année - près de 2 millions $ sur sa durée de vie; un requin mort a une valeur d'environ une centaine de dollars pour un braconnier, surtout pour les ailerons. La soupe aux ailerons de requin est un symbole de prestige dans la culture asiatique, et la demande pour les ailerons illégaux reste élevée. Grâce à un ensemble exhaustif et innovant de réglementations, de technologies, et à une collaboration entre les ONG locales et internationales, la police locale et les autorités des nations voisines, les Palaos ont créé en 2015 une aire de 500 000 km² sans pêche, interdisant dans cette zone la pêche pour l’exportation.

La tortue verte (Chelonia mydas ou honu en hawai’ien), une espèce classée En danger sur la Liste rouge de l’UICN, vit dans les eaux chaudes côtières d’Hawai’i. Mais partout dans le monde, les plages où les tortues vertes pondent ainsi que leurs zones d’alimentation sont menacées par le développement des côtes. En outre, les tortues elles-mêmes sont menacées par les prises accessoires de la pêche, la surpêche et le commerce illégal. Hawai’i a commencé à prendre des mesures pour protéger les tortues vertes dès 1978, avec succès : sa population de tortues vertes a augmenté de 53% au cours des 25 dernières années. Aujourd’hui, le WWF, Membre de l’UICN, utilise des technologies novatrices comme de toutes petites caméras étanches portatives pour protéger l’habitat de la tortue verte.

Pendant ce temps, des nations insulaires comme l’Indonésie, le Brunei Darussalam et la Malaisie travaillent avec le réseau de suivi du commerce de faune et de flore sauvages TRAFFIC et d’autres partenaires pour réviser leurs cadres juridiques et politiques afin de mettre un terme définitif au trafic d’oiseaux chanteurs et autres espèces sauvages au cœur de Bornéo. Juste avant cette initiative importante, et lors de deux raids séparés, Java avait intercepté au moins 1611 Verdin de Sonnerat (Chloropsis sonnerati), une espèce prisée du commerce d’oiseaux chanteurs.

Les îles et le trafic d’espèces sauvages seront sur le devant de la scène lors du Congrès mondial de la nature 2016 de l’UICN qui aura lieu en septembre à Hawai’i.

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