Lutte contre le trafic illégal d'espèces sauvages

Le Congrès mondial de la nature constitue une occasion de taille pour présenter le commerce illégal de faune et de flore sauvages comme une menace croissante à la biodiversité, et inciter à l’action afin de lutter plus efficacement. 

Greater One Horned Rhino Photo: Bibhab Talukdar

Le commerce illégal de faune et de flore sauvages atteint aujourd’hui des proportions mondiales inquiétantes et est une menace grandissante à la biodiversité. Il touche des espèces emblématiques comme les éléphants, les rhinocéros et les tigres, mais aussi de nombreuses autres espèces de mammifères et d’oiseaux, d’amphibiens, de reptiles et de plantes : cactus, cycadales, pangolins, poissons marins, primates, etc. Il se produit à diverses échelles, allant de la chasse et du commerce illégal à petite échelle au braconnage organisé, de haut-niveau, sophistiqué, aux mains de gangs criminels internationaux.

Le commerce illégal de faune et de flore sauvages touche les animaux et les plantes de façon directe, mais il menace aussi les communautés rurales dans le monde en réduisant leurs moyens d’existence. Il pose un risque pour l’humanité car il peut éroder les écosystèmes dont nous dépendons pour les services écosystémiques, par exemple la production d’air propre. L’ampleur du commerce illégal de faune et de flore sauvages est inquiétante, et se situe aujourd’hui au niveau du trafic de drogues, d’êtres humains et d’armes : sa valeur est estimée entre 20 et 150 milliards de dollars US par an.

L’ampleur et les conséquences du commerce illégal de faune et de flore sauvages en exemples :

  • Le braconnage de 50 000 éléphants africains en 2013 ;
  • Une augmentation de 7000% du taux de braconnage du rhinocéros en Afrique du Sud entre 2007 et 2013. L’Afrique du Sud abrite 82% des rhinocéros d’Afrique ;
  • Ces dix dernières années, environ 1 million de pangolins ont été braconnés et vendus illégalement, et toutes les espèces de pangolins sont aujourd’hui menacées d’extinction.

Les approches traditionnelles pour lutter contre le commerce illégal de faune et de flore sauvages incluent une meilleure application des lois et des réglementations existantes, un renforcement des législations et l’adoption de nouvelles lois lorsqu’approprié, ainsi que des amendes plus élevées et une meilleure détection. L’application de la loi est donc un élément essentiel de la lutte contre le commerce illégal de faune et de flore sauvages, néanmoins elle n’est pas suffisante et la communauté de la conservation reconnaît aujourd’hui le besoin d’interventions multiformes. Ces interventions doivent chercher à réduire la demande de produits de la vie sauvage vendus illégalement (programmes de changements comportementaux ciblés sur les consommateurs finaux par exemple), et chercher à inclure les communautés locales. Les communautés locales sont en effet souvent en première ligne : si elles acquièrent un sens d’appropriation concernant la vie sauvage, elles peuvent être très motivées à lutter contre le commerce illégal de faune et de flore sauvages.

Le Congrès mondial de la nature constitue une occasion de taille pour présenter le commerce illégal de faune et de flore sauvages comme une menace croissante à la biodiversité, et inciter à l’action afin de lutter plus efficacement. Plusieurs motions liées au commerce illégal de faune et de flore sauvages ont été déposées. L’UICN a donc la possibilité de les adopter afin de garantir que des mesures sont prises pour apporter une solution à la crise actuelle. Elle s’assurera auparavant que ces initiatives sont bien multiformes et reflètent la complexité du commerce illégal de faune et de flore sauvages.

- Dan Challender, la Commission de la sauvegarde des espèces de l’UICN

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