Le programme BRIDGE et la diplomatie de l’eau

Le programme BRIDGE (Bâtir le dialogue et la gouvernance autour des cours d’eau) soutient les pays qui partagent des bassins versants ou des lacs, afin de mettre en œuvre des stratégies efficaces de gestion de l’eau. 

© Jean-François Hellio & Nicolas Van Ingen 2011 Photo: Jean-François Hellio & Nicolas Van Ingen 2011

 

90% de la population mondiale s’appuie sur les eaux internationales pour vivre et plus de 275 lacs et bassins versants sont transfrontaliers. Et pourtant, il n’existe pas de cadre de gestion coopérative pour la plupart des eaux partagées de la planète.

La gestion des eaux transfrontalières est importante pour de nombreuses raisons. Une eau propre, sûre et fiable est indispensable à la santé, à la sécurité alimentaire et aux opportunités économiques. Une mauvaise gestion de l’eau entraîne souvent pauvreté, maladies, disparition de la biodiversité, conflits et instabilité.

La gestion des eaux partagées entre États et au sein d’un même État est souvent complexe et demande de nouvelles approches innovantes dans le domaine de la gouvernance de l’eau. L’efficacité de la diplomatie de l’eau dépend des politiques et décisionnaires nationaux et locaux des deux côtés, qui doivent travailler avec des experts scientifiques et techniques et obtenir des accords négociés sur les politiques, législations et institutions pour une gestion des eaux transfrontalières.

Le programme de l’UICN BRIDGE (acronyme anglais pour Bâtir le dialogue et la gouvernance autour des cours d’eau) cherche à renforcer la coopération et la diplomatie entre pays riverains, et par là-même à améliorer les avantages socio-économiques, environnementaux et politiques issus de l’eau.

Le programme BRIDGE renforce les capacités civiles, nationales et locales de la diplomatie et de la gestion de l’eau, par le biais de la réforme des structures de gouvernance hydrique, le renforcement des capacités, le dialogue et la recherche de consensus, la création et le soutien de « défenseurs de l’eau », et la démonstration d’à quel point la coopération dans le secteur de l’eau est essentielle pour renforcer plus largement la confiance.

Un exemple : le bassin du lac Tchad, considéré comme l’un des plus importants sites du patrimoine agricole au monde, s’étend sur sept pays. Au cours des cinquante dernières années, la surface du lac Tchad s’est contractée, passant de 25 000 km² à moins de 5 000 km². L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) parle de « catastrophe écologique ». Une intervention était donc indispensable.

En avril 2012, les chefs d’État du Cameroun, du Niger, du Tchad, du Nigéria, de la République centrafricaine et de la Libye ont signé la Charte de l’eau du lac Tchad. Depuis lors, le Niger et le Tchad ont ratifié la Charte – mais les deux tiers des États membres doivent la ratifier pour qu’elle entre en vigueur.

Le programme BRIDGE soutient les gouvernements du Nigéria et du Cameroun pour qu’ils réalisent des avancées majeures vers la ratification de la Charte de l’eau du lac Tchad. Grâce aux efforts du BRIDGE dans la région, ces deux États membres ont adhéré entièrement à la Charte, et d’autres pays se sont engagés à faciliter sa ratification et sa mise en œuvre.

« Avec la nouvelle Charte de l’eau, qui sert de cadre juridique pour définir la gestion du bassin du lac Tchad, celle-ci prend une nouvelle direction et toutes les parties prenantes doivent y prendre part. Mais soulignons que seuls les ministères avaient été de fait impliqués » déclare Mohammed Bila, représentant de la Commission du bassin du lac Tchad. « L’inclusion de leaders communautaires, de représentants locaux et de membres de la société civile serait une occasion de mettre en œuvre une approche du bas vers le haut, où l’intérêt de tous serait pris en compte. »

Depuis 2012, le programme BRIDGE a été mis en œuvre dans 14 bassins versants transfrontaliers en Amérique du Sud, Mésoamérique, dans la région du Mékong, en Afrique australe, occidentale et centrale, et dans la Corne de l’Afrique.

La diplomatie de l’eau est l’un des nombreux thèmes qui sera abordé lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN 2016, organisé en septembre à Hawaiʻi, États-Unis. 

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